dimanche 31 janvier 2021

Goepfer, un siècle de boutons à l’ombre du Père-Lachaise

L'immeuble Goepfer vu du pont de la rue Charles Renouvier (novembre 2020)


5 rue Ramus

Métro Gambetta

Une petite merveille d’architecture industrielle est cachée tout près du cimetière du Père-Lachaise. 

On la devine à travers les arbres, en marchant sur le pont de la rue Charles Renouvier. Il faut avancer dans la rue Ramus, s’arrêter au numéro 5 de cette voie calme. 

Ici se trouve une ancienne usine de boutons, à la silhouette intacte. L’ossature est en béton armé, parée de briques ocre. De grandes et nombreuses fenêtres trouent l’imposante façade, de manière à faire entrer toute la lumière possible dans les ateliers. Une mosaïque parfaitement conservée annonce la raison sociale : « ETABLISSEMENTS GOEPFER ».

La façade, avec sa mosaïque (novembre 2020)

Ce beau bâtiment date de la fin des années 1920. Trois autorisations de construire ont été accordés à la société Goepfer, en 1925 et 1928 pour des ateliers aux 3 et 5 rue Ramus, puis en 1929 pour ajouter deux étages au 5. Dans les trois cas, l’architecte se nomme Roger Lelièvre. Né à Paris en 1886, il a obtenu son diplôme en 1913.

Pour les Goepfer, la construction de ce bel immeuble industriel marque une forme d’apogée. La famille travaille alors le métal dans le quartier depuis plusieurs dizaines d’années. « Le métal au service de la mode depuis 1870 », tel sera plus tard son slogan. Dans les années 1880, la société Goepfer père et fils, « mécanicien à façon », est en tous les cas installée rue des Rondeaux. Et à partir des années 1900, les Goepfer sont propriétaires du 5 rue Ramus, où ils commencent à faire édifier différents bâtiments.
Un des articles de la maison Goepfer : les fixations de boucles d'oreilles

L’activité de la famille concerne d’abord les « pointes d'acier pour la bijouterie ». Après la crise de 1929, qui stoppe l'essor de la fabrication de clous décoratifs, la société se tourne peu à peu vers les boucles de chaussures en métal, et divers articles en métal pour l’habillement, les boutons en particulier, mais aussi les fixations de boucles d’oreilles. 
En 2003, l’entreprise familiale cesse son activité volontairement en raison de la disparition rapide des ses débouchés. Certains outillages sont vendus en 2005 à la société Erode dans le cadre de la liquidation des actifs. La vieille structure, devenue une coquille vide, est liquidée en 2007 par Patrice Goepfer. Un ensemble résidentiel est installé sur place en 2008. 

N.B. : Une fois la façade rue Ramus admirée, le tour du pâté de maisons s’impose. Il fournit de très jolies découvertes rue des Rondeaux et rue Eugénie Legrand.

Rue des Rondeaux, derrière l'usine Goepfer (novembre 2020)

Au 6, rue Eugénie Legrand (novembre 2020)

vendredi 30 octobre 2020

Derrière la façade des établissements Job, rue d'Hautpoul



76-80 rue d'Hautpoul 

Métro : Ourcq 

Rue d'Hautpoul, entre les Buttes-Chaumont et le parc de la Villette, une façade en brique rouge ornée d'une inscription en caractères Art déco a de quoi intriguer : quels étaient les "ETABLISSEMENTS 'JOB" installés ici ? Et pourquoi cette curieuse apostrophe précédant le nom Job ? Surprise : l'histoire de cette avenante façade mène aux tripous "comme à Aurillac", au sinistre Darquier de Pellepoix et à un affairiste corse.

Rien à voir avec le papier à cigarette Job. Les établissements Job produisaient ici des jambons, saucisses, saucissons, grattons, et autres salaisons, souvent inspirées de celles d'Auvergne. 

Dès 1901, le préfet de police est saisi d'une demande d'ouverture d'un "atelier de fabrication en grand de saucissons", ouverture soumise à autorisation compte-tenu des nuisances possibles, à commencer par les odeurs. Le préfet donne son feu vert, et un dénommé Gebs ouvre donc cette année-là son atelier au 62 rue d'Hautpoul (qui deviendra le 76 lors de la renumérotation de la rue en 1912). Le 19e arrondissement compte alors de nombreuses usines, notamment alimentaires, comme celle de la moutarde Bornibus.  

Vers 1906, les salaisons Gebs laissent place aux salaisons de Paul-Désiré Bilbille. Puis, avant 1910, celles-ci sont elles-mêmes remplacées par les salaisons Job, installées auparavant à un kilomètre de là, passage de la Brie. 

Petite annonce dans L'Intransigeant (novembre 1925) 

Le bâtiment actuel, lui, est un peu plus tardif. Il remonte aux années 1920-1930, alors que l'entreprise a été reprise par deux hommes, Marquis et Ménagé, puis le seul Pierre Ménagé, en 1923. Les permis de construire montrent que les travaux ont été effectués en plusieurs tranches. D'abord un édifice bas en 1920, puis un séchoir (pour sécher la viande) et des bureaux au rez-de-chaussée en 1928, enfin un immeuble d'habitation et un garage en 1931. 

La façade du 76 rue d'Hautpoul (octobre 2020)

L'architecte chargé de bâtir le séchoir se nomme Pierre Mathieu. Cet architecte du Perreux, en banlieue parisienne, n'est pourtant pas connu pour ses constructions industrielles. Il est resté dans l'histoire comme le concepteur de la mairie du Perreux, et de l'école des Joncs Marins, également au Perreux.

En 1935, Pierre Ménagé et son épouse Marie Hervouet sont expropriés du 78-80 rue d'Hautpoul, pour une "cause d'utilité publique" qui reste inconnue. Mais ils poursuivent l'activité des salaisons Job au 76, avec en vedette le tripou "comme à Aurillac", ainsi que l'indique en 1939 un encart publicitaire dans la Revue du Plateau Central. 

Publicité pour la maison Job (1939).
Le nom "Ménager" comporte une coquille : l'orthographe exacte est bien Ménagé.  

La suite de l'histoire est marquée par la guerre. Au début du conflit, les immeubles du 76 au 80 rue d'Hautpoul sont hypothéqués auprès de Mathilde Lévy, l'épouse d'un ancien industriel, décoré de la Légion d'honneur en 1925 et mort en 1939, Léon Lévy, qui a transformé son nom en Leville. 

La donne change avec un arrêté signé en décembre 1942 par le commissaire général aux questions juives Louis Darquier dit de Pellepoix, l'artisan le plus zélé de la politique antisémite mise en place par les nazis, "le personnage le plus hideux du Paris de l'Occupation", selon Patrick Modiano. Dans le cadre de la politique visant à confier à des "aryens" les entreprises appartenant ou dirigées en tout ou partie par des juifs, tous les immeubles sur lesquels Mathilde Lévy détenait des hypothèques sont dotés d'un administrateur provisoire. Cela concerne le 76-80 rue d'Hautpoul, mais aussi le 15 place du Havre, le 30 avenue du Château à Vincennes, puis deux autres immeubles parisiens : le 3 rue Ernestine, et le très cossu 90 rue du Bac, où habitaient les Leville. 

A Honfleur, où les Lévy-Leville détiennent aussi des propriétés, la police tente de retrouver leur trace : "Ce monsieur passe d'après la rumeur publique pour être juif", souligne le sous-préfet de Lisieux dans un courrier au préfet du Calvados en décembre 1941. Sa femme pourrait bien l'être aussi. Mais les recherches restent vaines : Léon Lévy est mort depuis deux ans déjà, et, pour sa veuve, la police n'a qu'une adresse erronée. 

"Le sieur LEVY, dit "LEVILLE" n'a souscrit aucune déclaration de juif" (décembre 1941). Archives du Calvados. 

Le nouvel administrateur choisi par Darquier pour tous les immeubles des Lévy à Paris est un Corse d'une quarantaine d'années, Raymond Stéfani. "Un jeune", "un homme qui a des idées", ainsi que Paris-Soir présente ce brillant gérant en novembre 1942. Stéfani expose alors ses propositions de réforme fiscale visant à garantir aux propriétaires "une juste rémunération" de leurs avoirs malgré la situation compliquée du pays, et permettre à terme le retour à une "ère de prospérité organisée" pour le bâtiment. Dix ans plus tôt, en 1932, Raymond Stéfani avait déjà été cité dans la presse, pour sa liaison émaillée de coups de revolver avec l'ex-épouse d'un prince égyptien. Puis, en 1935, il avait été condamné à une amende de 500 francs pour une escroquerie autour d'un projet d'usine qui n'avait jamais vu le jour. 

Le 28 avril 1945, la peine est plus lourde. Pour son comportement durant l'Occupation, la cour de justice de Paris condamne Raymond Stéfani à deux ans de prison, à la dégradation nationale et à la confiscation de ses biens. Il meurt à Casablanca en février 1959. Loin, bien loin, de la rue d'Hautpoul et des établissements Job. 

Mathilde Lévy, de son côté, survit à la guerre. En octobre 1945, elle se remarie à Paris avec un dénommé Marcel Deprez, et meurt six ans plus tard, en 1951, à l'âge de 73 ans. 

Post scriptum : Et l'étonnante apostrophe devant le nom Job ? Cette énigme-là reste à résoudre. 

samedi 30 mai 2020

Roland Barthes, la fonderie en héritage

Fonderie, rue Saint-Maur. Peut-être est-ce celle d'Alexis Lepet. 
38 rue Saint-Maur, 75011 
et 11 rue de Lagny, 75020 

Roland Barthes aurait pu qualifier cela de biographèmes. Ces « quelques détails », « quelques goûts », « quelques inflexions », à quoi peut se réduire une vie sous la plume d’un biographe, comme il définissait lui-même ce terme qu’il avait forgé. Pour Alexis Lepet, l’un des arrières-grands-pères de Barthes, la poignée de détails serait la suivante : l’entrepreneur parisien de la fonderie, conspirateur sans le vouloir. L’auteur des Mythologies connaissait-il cette histoire ?

Alexis Oscar Achille Joseph Lepet (1828-1897) était le grand-père maternel de la mère de Roland Barthes, cette Henriette Barthes à laquelle l’écrivain fut si attachée, sa vie durant.

Le père d’Alexis Lepet, François Lepet-Desuède, était lui-même fondeur, à Douai (Nord), sa ville natale. Marié à une femme d’origine flamande, il avait créé une fonderie en 1820, pour fabriquer notamment des ornements en fer. Il l’exploitait « avec beaucoup de zèle et de talent », précise un article de 1827. L’usine employait une trentaine d’ouvriers au milieu des années 1840. Il s’était ensuite installé à Maisons-Alfort, en banlieue parisienne. 

Sur onze enfants, François Lepet comptait cinq garçons. Tous travaillaient dans la fonderie, un métier en plein essor avec la révolution industrielle.

Fonderie rue Saint-Maur, par Henri Jules Geoffroy, dit Geo

Mais à la mort de leur père, au début des années 1860, ils se séparent. L’usine familiale de Maisons-Alfort est vendue aux enchères. L’aîné, François-Louis, et ses frères Charles-Désiré, Edouard-Louis et Léon-Augustin s’associent au sein d’une fonderie de fer située rue de l’Argonne, à la Villette, une commune tout juste annexée par Paris. 

Alexis, le deuxième des garçons, fait bande à part. Il exploite sa propre fonderie, 38, rue Saint-Maur, dans un quartier alors très industriel de l’est parisien

C’est ici que se situe l’épisode le plus marquant de la « saga Lepet », en mai 1870. Alexis Lepet a alors 58 ans. 

Le lundi 2 mai, il voit à la devanture d’un kiosque un exemplaire du Figaro montrant en première page des bombes artisanales, saisies l’avant-veille chez un ouvrier ébéniste dénommé Roussel. « Attentat et complot – Les bombes », titre le quotidien. Elles étaient semble-t-il destinées à assassiner l’empereur Napoléon III, et provoquer une Révolution. 

Sur le croquis du Figaro, apparaissent deux disques ressemblant à des moyeux de roues de voiture ou de vélo, s’emboîtant l’un dans l’autre, et destinés à contenir quatre tubes de matière explosive, come du picrate. « La fonte est d’excellente qualité, précise l’article du Figaro. Un pareil résultat ne peut s’obtenir qu’avec un outillage parfait. On ne fait pas d’aussi belle fonte avec un fourneau de cuisine. Le complot avait son arsenal ! »

La "une" du Figaro avec le croquis des bombes (2 mai 1870)
« Mais ce sont mes moyeux ! », s’exclame Alexis Lepet en découvrant le dessin. Ah, le farceur… » 

Le farceur en cause est cet homme qui, quinze jours plus tôt, s’est présenté rue Saint-Maur avec un modèle en plâtre qu’il voulait faire exécuter en fonte. Il s’agit d’un « moyeu perfectionné de vélocipède », avait alors expliqué le client au contremaître qui l’avait reçu : « C’est une invention splendide, qui me permettra de réaliser des bénéfices importants. L’Amérique m’en demande déjà une quantité considérable. » Sur ce, l’individu, se présentant comme M. Renard, avait commandé immédiatement un premier lot de 60 pièces, et payé un accompte. 

« Quand il reviendra, je le ferai jaser », avait commenté Alexis Lepet, en regardant en détails avec son contremaître le moule en plâtre, étonné par ce curieux système de moyeux. 

Sur ce, une grève des fondeurs avait éclaté, et ni les 60 premières pièces, ni les centaines qui devaient suivre, n’avaient pu être livrées. En tout et pour tout, M. Renard n’avait reçu, le 16 avril, que 21 plaques doubles. Celles retrouvées chez Roussel, le vrai patronyme du dénommé Renard. 

Comprenant dans Le Figaro que Roussel s’est joué de lui, Alexis Lepet se rend immédiatement au commissariat de police de son quartier, et déclare que c’est lui qui a fabriqué les fameux moyeux, sans imaginer une seconde qu’ils pouvaient servir de bombes. Le client avait beaucoup marchandé, insistant pour obtenir un rabais de 5 francs par douzaine.

L’ancêtre de Roland Barthes avait accepté, et vu dans ces âpres négociations « la preuve que son client faisait une affaire industrielle ». 

Dans les jours qui suivent, le trop naïf Alexis Lepet connaît malgré lui son heure de gloire. On ne parle plus que des « bombes Lepet », et on raille leur fabricant. « Conspirateur sans le savoir », s’amuse Le Gaulois. « Depuis que l’on a découvert que le fondeur Lepet a fabriqué, sans le savoir, des bombes au picrate, croyant faire des moyeux pour roues de vélocipèdes, tous les amateurs qui ont acheté des vélocipèdes depuis huit jours, n’osent pas s’en servir », assure Le Tintamarre. 

Quant au Charivari, il propose un petit quatrain d’un goût douteux, à graver en lettres d’or sur la fonderie de la rue Saint-Maur : 

« Grâce à Lepet qui, plein d’horreur, 
Dénonça ce complot hostile, 
Dans le Paris calme et tranquille, 
Voilà Lepet en bonne odeur. » 

Une dizaine d’années plus tard, Le Figaro tire le bilan de cette aventure. Alexis Lepet « n’eut pas à se plaindre », écrit le journal, « car sa maison, fort peu connue jusque là, acquit du jour au lendemain une célébrité européenne et sa caisse ne s’en trouva pas mal ».  

Publicité pour la fonderie Alexis Lepet, 11 rue de Lagny

Après cette affaire, puis le procès auquel témoigne Alexis Lepet, la fonderie repasse dans l’ombre. De la rue Saint-Maur, elle est transférée dans les années 1880 au 11 rue de Lagny, non loin de la place de la Nation. C’est de là que, dans les années juste avant la guerre de 1914, les Lepet finiront par contribuer à produire des armes, pour le compte du ministère de la guerre. 

La fonderie porte alors encore le nom d’Alexis Lepet, malgré le décès de son fondateur. Elle appartient à ses descendants, et le reste jusqu’à la mort en 1953 de Noémie Révelin, fille d’Alexis Lepet et grand-mère maternelle de Roland Barthes. La Fonderie de Charonne, comme on l’appelle parfois, fait alors partie de l’héritage que se partagent la mère et l’oncle de l’écrivain, Philippe Binger. N’ayant ni l’un ni l’autre envie de gérer l’usine, ils la vendent, à la suite de démarches complexes que Roland Barthes suit de près (cf Roland Barthes, Tiphaine Samoyault, Seuil, 2015). 

De ces multiples fonderies ayant appartenu aux ancêtres de Roland Barthes, peu de choses subsistent aujourd’hui. L’usine de la Villette a disparu. Celle de la rue de Lagny a été rasée, et remplacée par un immeuble de 10 étages. Une ancienne fonderie demeure visible au 38 rue Saint-Maur. Elle a été reconvertie en lieu d’exposition, l’Atelier des Lumières. Des tableaux y sont projetés sur les murs. Mais s’agit-il de celle d’Alexis Lepet, ou de son concurrent et voisin Plichon, dont l’entrée se trouvait rue du Chemin-Vert ? Incertitude, léger tremblement.

vendredi 10 avril 2020

La Biscuiterie Gauloise à deux pas de la Nation

Une boîte de la biscuiterie, avec le coq gaulois pour emblème 

22 passage Dumas
Métro : Rue des Boulets 

La Biscuiterie Gauloise était installée à la fin du 19e siècle au fond du petit passage Dumas (l’ancienne impasse des Jardiniers), à quelques pas du boulevard Voltaire et de la place de la Nation. 

A mi-chemin entre l'artisanat et l'industrie, elle exposait à l’Exposition Internationale Universelle de 1900. Le Catalogue Général Officiel de l’exposition permet de découvrir les biscuits produits à l’époque : « gaufrettes aux fruits à la vanille, au chocolat praliné vanillé, biscuits, desserts fins, etc. ». L’entreprise est alors aux mains d’un dénommé S. Klein, et le reste au moins jusqu’à la première guerre mondiale. Son numéro de téléphone est ROQ 18.64. 

Le 22, passage Dumas en 2019 (photo Google Maps)

Fidèle à son nom, la société a pour emblème un fier coq gaulois. C'est lépoque, celle de la troisième République, où le mythe gaulois triomphe. Les Gaulois obtiennent le statut d’ancêtres officiels des Français,  et tout devient gaulois : le journal Le Gaulois est créé en 1868, l’Élixir Gaulois et le cacao Andrés Le Gaulois font lobjet de publicités dans les années 1890, les cigarettes Gauloises sont lancées en 1910...


Dans l'annuaire Firmin-Didot de 1896
Pour promouvoir ses produits, la Biscuiterie Gauloise n’en joue pas moins aussi la carte de la modernité. Ses boîtes sont décorées d’images de boxeurs ou de rugbymen, ou encore d’un paysage dans lequel vole un avion monoplan inspiré du Blériot XI.  

Une boîte de la Biscuiterie Gauloise décorée d'un monoplan inspiré Blériot XI.

Scène de boxe sur une boîte de la Biscuiterie Gauloise

Dans les années 1920, la biscuiterie poursuit un actif développement. Elle recrute des représentants de commerce pour développer ses ventes dans les différentes régions de France. Elle dépose au tribunal de commerce plusieurs marques et recettes, toutes gauloises : Meringue Gauloise, Croquette Gauloise ou encore Macaron Gaulois.


Scène de rugby sur une boîte de la Biscuiterie Gauloise

En 1923, l’entreprise change de propriétaire. Les héritiers Wahl vendent la biscuiterie à un certain Kluser. Deux ans plus tard, elle est reprise par Charles Welfling.

Ce dernier est né à Paris en 1874 d’une famille juive allemande établie à Amsterdam à la fin du 18e siècle et dont plusieurs membres émigrèrent à Paris vers 1850. Il est orphelin de père à 11 ans. Il étudie à l’École Commerciale de la Chambre de Commerce de Paris, l’une des plus anciennes écoles de commerce française, créée en 1863. D’une famille d’entrepreneurs, il crée différentes sociétés. En particulier une affaire d’import-export de graisses industrielles, active après la première guerre mondiale. Cette société est mentionnée dans les archives du tribunal de commerce de Marseille. Le différent concernait l’indemnisation par des compagnies d’assurance d’une cargaison importée des États-Unis et perdue lors du naufrage du navire qui la transportait.

Triple portrait de Charles Welfling
(photomontage des années 1920, coll. part.). 
Charles Welfling avait aussi proposé et fait breveter en 1912 un système de sémaphores pour réguler la circulation automobile, l’ancêtre des feux tricolores. Ce système est mentionné dans un rapport du conseil municipal de Paris de 1921.

La Biscuiterie Gauloise, dont Charles Welfling avait confié la gérance à son épouse Marguerite Jais en 1938, disparaît pendant la seconde guerre mondiale. 

Un administrateur provisoire est nommé en juin 1941 à la tête de la maison dans le cadre des lois d’aryanisation. Les moyens de production et le fonds de commerce sont alors progressivement liquidés.

Par Jean-Pierre Merx, petit-fils de Charles Welfling.